Bonjour à toutes et tous !
Pour cette nouvelle édition, j’ai pioché dans la précieuse liste de petites phrases récupérées, il y a quelques mois, au travers d’un post LinkedIn.
J’ai déjà traité “Je te dis ça en off” et “Cordialement”. Cette semaine, c’est au tour de “Je fais ça ASAP”.
J’ai mis des mois avant de me lancer sur cette phrase. Comment faire un article entier sur le sujet ?
A l’heure où j’écris ces lignes d’introduction, je ne sais toujours pas.
J’ai néanmoins appris une chose depuis que j’écris régulièrement : l’inspiration finit toujours par arriver.
Advienne que pourra. Bonne lecture !
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La phrase du jour
Une expression incontournable dans le monde corporate
Je ne me souviens pas précisément de ma rencontre avec l’abréviation ASAP. Une chose est sûre, j’ignorais totalement son existence avant de rejoindre le doux monde de l’entreprise.
Certains prononcent “azap” ou “assap”, et d’autres énoncent chaque lettre à l’anglaise “Hey SS Pi” (ou eɪ.ɛs.eɪ.ˈpi en vrai phonétique).
Il y a de quoi s’y perdre !
Pourtant, cela signifie simplement as soon as possible : dès que possible en français.
J’ai entendu ASAP dans toutes les entreprises, même dans les environnements franco-français.
— Pour quand peux-tu m’envoyer ton rapport ?
— Je fais ça asap !
D’où vient cette expression ?
L’expression ASAP aurait été utilisée par l’armée américaine pendant la deuxième guerre mondiale. On trouve trace de l’expression pour la première fois dans le livre du capitaine Annis G. Thompson sur la guerre de Corée, The Greatest Airlift (1954).
« Sir, we need to get the hell out of this war ASAP! »
Comment l’expression ASAP est arrivée au beau milieu des réunions des entreprises du CAC 40 ?
Mystère…
💡 Note : Je découvre avec stupeur que l’administration française utilise ASAP pour qualifier la loi d’accélération et de simplification de l’action publique. L’URSSAF n’est pas en reste avec un service d’Aide et Services à la Personne qui s’appelle… ASAP !
Cet incroyable besoin d’utiliser des acronymes
ASAP cumule les deux principales tares du jargon corporate :
L’utilisation de mots anglais alors qu’on s’exprime en français
L’usage excessif d’acronymes
C’est curieux d’utiliser des mots anglais alors que les mots équivalents en français existent ! Je me moque mais, moi aussi, je fais des calls, je planifie des one-to-one et je travaille en remote.
J’ai encore du travail pour arriver au niveau de ce professeur de Franglais, magnifiquement interprété par l’humoriste Karim Duval.
Les acronymes sont le cauchemar de tout nouvel arrivant dans une entreprise.
Pour s’intégrer, il faut :
apprendre le sigle officiel de toutes les équipes (qui change tous les 6 mois…) : il faut donc également connaître les anciens noms que tout le monde utilise encore ;
savoir qui fait partie du Comex, Codir, Codep, Copil, Coproj, Comop… et dans quelles instances il faut passer pour faire avancer tes projets ;
reconnaître (et utiliser) la bonne abréviation pour désigner des choses aussi simples qu’un entretien annuel : EA, EP, EAP, EAD ;
mémoriser le nom des applications informatiques (qui portent toujours des noms improbables…) ;
et bien utiliser asap, fyi, btw, etc.
D’où vient ce besoin d’utiliser des acronymes ?
Le principal argument est de communiquer de manière plus rapide et efficace. Il est vrai qu’il est plus rapide d’écrire ou de dire SAV plutôt que Service Après-Vente.
L’usage d’acronymes est également un marqueur d’appartenance à un groupe.
Je m’en rends compte après quelques semaines dans une entreprise. Inconsciemment, j’utilise les mêmes expressions et acronymes que mes interlocuteurs. C’est probablement la façon la plus efficace de s’intégrer, d’être écouté et surtout d’être compris.
Le jargon fait partie intégrante de la culture de l’entreprise avec les bons côtés - sentiment d’appartenance, cohésion - et les mauvais - exclusion de ceux qui n’ont pas les codes.
Je m’égare. Revenons à la phrase du jour asap !
Une phrase ambigüe
“Je fais ça asap” est tout aussi problématique que la formule “Je prends le point” que j’ai traitée dans un épisode précédent.
C’est une phrase ambigüe.
Celui qui demande qu’une chose soit faite asap pense que son interlocuteur va se mettre tout de suite en action. Ce dernier peut interpréter la demande différemment et considérer qu’il fera au mieux (ie. quand il aura le temps).
S’en suivra un dialogue de ce genre :
— Tu as bientôt fini ?
— Non, je n’ai pas encore commencé.
— Comment ça ? Je t’avais demandé de faire ça asap !
— Oui, et bien je démarre dès que j’ai fini ce que j’avais en cours
Pour la paix des ménages et des relations professionnelles, il faudrait vraiment bannir le terme asap.
Une fois n’est pas coutume, je suis plutôt optimiste. Il est très facile d’arrêter d’utiliser l’expression “dès que possible” au travail.
Une méthode simple pour en finir avec asap
Si quelqu’un vous demande de faire quelque chose asap, le premier réflexe devrait être de s’accorder sur une échéance explicite.
Vous pouvez demander directement à votre interlocuteur : “Pour quand as-tu besoin que je fasse ça ?”. L’alternative est de suggérer une échéance réaliste pour vous : “Je pense pouvoir faire ça pour vendredi prochain. Cela te convient ?”.
Le principe “Qui Quoi Quand” (Qui doit faire Quoi pour Quand) est d’un tel bon sens que je m’étonne encore d’assister à des réunions qui se terminent dans un total flou artistique.
Il y a quelques semaines, en réunion justement, j’ai entendu une personne annoncer fièrement : “On prend le point et on revient vers vous asap”.
Je crois que je devrais l’abonner à cette newsletter manu militari. 😉
A bientôt pour le prochain épisode 😀
Jérôme
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Je suis Jérôme Labastie, consultant et formateur en organisation & management.
J’ai cofondé Onirio, un cabinet de conseil et formation qui aide les entreprises à changer positivement leurs façons de travailler. Pour découvrir ce que nous faisons, c’est ici : https://onirio.fr