Quand il y a un doute, il n’y a pas de doute.
#1 - La phrase préférée de celles et ceux qui recrutent
Bonjour à toutes et à tous !
Et parce que c’est de saison, meilleurs vœux pour cette nouvelle année ! 🎉
Pour bien démarrer 2024, je me lance dans un projet un peu fou : écrire une newsletter hebdomadaire !
J’adore écrire (ça tombe bien…) mais je n’ai jamais écrit de manière aussi régulière.
Il y a bien un sujet qui m’amuse beaucoup et qui est une source d’inspiration inépuisable : les petites phrases du monde du travail.
Vous savez, les phrases toutes faites comme “Quand il y a un doute, il n’y a pas de doute”, “La confiance n’exclut pas le contrôle”, “Désolé, je n’ai pas de bande passante”, “Comment on peut te retenir ?”, “Je ne vais quand même pas le remercier d’avoir fait son job”…
Ces phrases m’inspirent, m’amusent, me choquent parfois.
Avec cette newsletter hebdomadaire, je décrypte ces petites phrases entendues au travail.
Chaque semaine, une nouvelle phrase.
Et c’est parti pour le premier épisode !
La phrase du jour
Ma première fois
C’étaient mes débuts en tant que manager, et je cherchais à recruter. Je rencontre une personne en entretien qui me laisse une excellente impression : expérimentée, intelligente, sympathique. J’ai l’intuition qu’on arrivera très facilement à travailler ensemble.
Mais en écoutant ses aspirations, ses expériences passées, les difficultés rencontrées avec ses précédents employeurs, j’ai un doute. Est-ce que la culture de ma boîte va lui plaire et lui apporter ce qu’elle recherche ?
Là, je croise un collègue, appelons le « Hubert », qui me sort cette phrase :
Tu sais, en recrutement, quand il y a un doute, il n’y a pas de doute
Ça me fait réfléchir. On décide quand même de l’embaucher.
Quelques mois plus tard, la personne démissionne au cours de sa période d’essai. Le fonctionnement de la boîte ne lui convient pas…
Un excellent conseil
Depuis cette expérience, j’ai souvent entendu et prononcé cette phrase en recrutement.
Les doutes peuvent porter sur la capacité à s’intégrer à l’équipe ou à l’entreprise, les compétences techniques, la posture, la motivation… Ce n’est souvent qu’une intuition et on ne dispose pas d’éléments ultra-factuels pour être sûr(e) de soi.
Ce conseil fonctionne aussi si vous êtes candidat(e) : si vous avez des doutes sur l’entreprise, votre futur manager… mieux vaut en rester là !
Et quand, pour de bonnes ou mauvaises raisons, on décide de ne pas appliquer sagement ce principe, on finit par le regretter… presque toujours.
C’est un principe simple à appliquer.
Implacable.
Magique ?
Il y a toujours un doute
Chez moi, dire de quelqu’un “il n’est pas habité par le doute” est tout sauf un compliment… Avoir des doutes est plutôt un signe d’intelligence 😉
Le principe “Quand il y a un doute, il n’y a plus de doute” est trop simpliste. Il y a TOUJOURS une incertitude.
Dès lors, si vous appliquez le principe à la lettre, vous ne prenez aucun risque :
Vous finissez par travailler uniquement des personnes que vous connaissez déjà, et en qui vous avez confiance. Adieu la diversité !
Vous faites subir à vos candidats un parcours avec 8 entretiens, 3 tests techniques et psycho… Ca donne envie de vous rejoindre 🙂
Si vous n’osez jamais avancer malgré les incertitudes : vous n’entreprenez rien, vous ne lancez aucun projet, vous n’innovez jamais. Quelle tristesse…
Alors que faire ?
Quand vous avez un doute, levez le doute
Soyons honnête, c’est un sacré challenge. Votre cerveau fera tout pour vous faire douter, et pour vous prouver que vous avez raison. Satanés biais cognitifs ! 😈
Plusieurs lectures m’ont aidé à dépasser ça :
Le blog de Seth Godin, une mine d’or, notamment ce post et celui-là qui parlent de doutes
Thinking Fast and Slow de Daniel Kahneman, une lecture indispensable pour comprendre les biais cognitifs
Vous allez redécouvrir le management d’Olivier Sibony, un must-read pour améliorer ses pratiques managériales en s’appuyant sur les travaux de recherche en management
Les 3 leçons que j’en retiens
1 - De quoi avez-vous peur ?
When in doubts, look for the fear - Seth Godin
En cas de doutes, suivez le conseil de Seth Godin et cherchez de quoi vous avez peur :
Quel est le pire scénario ?
S’il survient, so what ? Quelles sont les conséquences ?
Est-ce un risque acceptable ?
De mon expérience, on prend souvent conscience que l’on se fabrique des excuses pour ne pas avancer. En se posant ces questions, on se force à rationaliser. Et cela débloque bien des situations 🙂
2 - Se méfier de ses intuitions
En recrutement, l’intuition guide nos jugements sur le candidat. Et notre intuition, il faut s’en méfier !
D’innombrables études ont démontré que notre capacité à déceler les talents ou défauts des candidats sur la base d’un simple entretien d’embauche est très limitée.
Le recrutement est un sujet trop important pour qu’on ignore un siècle de données : ne faites plus jamais un entretien non structuré ! - Olivier Sibony
Deux méthodes se révèlent nettement plus efficaces :
La mise en situation du candidat sur une activité qu’il aura à gérer dans son futur job
L’entretien structuré qui consiste à préparer une série de questions et une grille d’analyse spécifiquement conçues pour évaluer les aptitudes sur le poste.
💡 Pour en savoir plus, ma collègue Blandine a écrit un article qui détaille tout ça : “Recruter sans se planter”.
3 - Exprimer vos doutes
Quand vous doutez, parlez-en ! Dans un process de recrutement, vous pouvez tout à fait être transparent(e) auprès du candidat : “J’ai envie de te faire une proposition mais j’ai des doutes sur…. Qu’est-ce que tu en penses ?”.
Dans certains cas, les doutes sont partagés et le process s’arrête là. Dans d’autres cas, vous conviendrez ensemble que la période d’essai est l’occasion de se tester.
Conclusion : Osez !
Des doutes, j’en ai sur tout. Tout le temps.
J’avais des doutes sur le fait de quitter un bon job pour créer Onirio. Et je l’ai fait.
J’ai des doutes en lançant cette newsletter : est-ce ça peut intéresser quelqu’un ? est-ce que je suis capable de produire un épisode chaque semaine ? est-ce que je vais me lasser ?
La meilleure façon de répondre à ces questions, c’est d’essayer !
A la semaine prochaine 🙂
Jérôme
Je suis Jérôme Labastie, consultant et formateur en organisation & management.
J’ai cofondé Onirio, un cabinet de conseil et formation qui aide les entreprises à changer positivement leurs façons de travailler. Pour découvrir ce que nous faisons, c’est ici : https://onirio.fr